pratique Fiche n°286

La bande cyclable suggérée

Définition

© Gracq

Le terme « bande cyclable suggérée (BCS) » désigne un revêtement différencié ou un marquage qui permet de délivrer deux messages principaux. La BCS va, d’une part, indiquer au cycliste quelle est la meilleure position à adopter sur la chaussée ; d’autre part, attirer l’attention des autres usagers sur la présence éventuelle de cyclistes.

 

Statut

La bande cyclable suggérée n’a pas de statut juridique. Elle n’est définie ni dans le code de la route, ni dans le code du gestionnaire. Ce n’est donc pas une piste cyclable et elle fait partie intégrante de la chaussée. Les usagers motorisés peuvent rouler dessus.

Pour le gestionnaire de voirie, c’est une solution à envisager aux endroits où la largeur ne permet pas de réaliser une piste cyclable marquée.

Dans un SUL, une bande cyclable suggérée peut aussi signaler aux automobilistes la présence de cyclistes à contresens quand il n’y a pas la place suffisante pour marquer une piste cyclable.

Une bande cyclable suggérée permet également d’assurer une transition entre la piste cyclable et le trafic mixte.

Cas particulier: exemple de transition vers le trafic mixte

 

Considérations de sécurité et d’opportunité

Sur un revêtement dégradé, il est déconseillé de mettre en œuvre, même provisoirement, une BCS.

En outre, cet aménagement est généralement envisagé là où la vitesse des véhicules est réduite. Si la V85 est supérieure à 50 km/h, l’aménagement d’une bande cyclable suggérée n’est pas souhaitable.

Toutefois, à titre exceptionnel et afin de souligner un itinéraire cyclable, le marquage de logos vélos et de chevrons peut parfois être utilisé sur des routes où les vitesses pratiquées sont supérieures à 50 km/h.

Si le gestionnaire de voiries opte pour la réalisation d’une bande cyclable suggérée, il est préférable que les véhicules automobiles ne soient pas obligés de l’emprunter en permanence car elle perdrait une partie de son intérêt. La suppression du marquage axial permet d’atteindre plus facilement cet objectif, pour autant qu’il n’y ait pas de risque de stationnement en chaussée (Ce stationnement est autorisé par le code de la route en l’absence de marquage axial).

En-vigueur-spw-mobilite-et-infrastructures-det.png

Dans le choix des sections à aménager, il est demandé aux gestionnaires de prioriser les endroits suivants, si et seulement si ce sont bien des sections où l’espace disponible ne permet pas un aménagement séparé ou le marquage d’une piste cyclable :

  • Voiries du schéma directeur cyclable
  • Liaisons manquantes entre des sections avec des pistes cyclables marquées ou séparées
  • Liaisons manquantes entre des sections de Ravel en milieu urbain

 

Comment matérialiser une bande cyclable suggérée - Ce chapitre contient la règle en vigueur au SPW MI

Les bandes cyclables suggérées peuvent être réalisées de différentes manières.
Fleche-vers-le-bas-orange.png   Fleche-vers-le-bas-orange.png

Bandes latérales unies

OU

Alternance de pictogrammes vélos et de chevrons marqués sur la chaussée

 

La décision se prend, le plus souvent, en fonction de la qualité du revêtement.

Les instructions suivantes sont d’application pour les voiries du réseau régional non-structurant, situées en zone urbaine :

En-vigueur-spw-mobilite-et-infrastructures-det.png

État du revêtement

Aménagement ?

Dégradé (nid de poule, …) - en fin de vie

Pas de BCS

Revêtement neuf car réfection par programme PMS en cours

Prévoir BCS unie

Très bon revêtement : si revêtement < 5 ans

Prévoir BCS unie

Si revêtement en bon état et > 5 ans

Prévoir BCS avec logos vélo et chevrons

 

Généralement les bandes cyclables suggérées sont marquées des deux côtés de la chaussée.

Elles ne peuvent pas se superposer aux marques routières qui ont une signification réglementaire décrite dans le Code de la route : flèches de sélection, de rabattement, marques indiquant les bandes de circulation etc.

Dans certains cas, on peut choisir de marquer la bande cyclable suggérée (BCS) d’un seul côté de la chaussée :

  • dans les rues en pente, uniquement dans le sens de la montée,

sauf pour ce cas particulier : si la largeur d’une voie publique en pente permet l’aménagement d’une piste cyclable marquée (PCM) d’un côté mais pas de l’autre, il est préférable de placer la PCM dans le sens montant et la BCS dans le sens descendant

  • dans les rues à sens unique limité (SUL), une bande cyclable suggérée ne sera aménagée qu’à contresens si la largeur ne permet pas de marquer une piste cyclable,

sauf pour ce cas particulier : une bande cyclable suggérée dans le sens du trafic automobile peut éventuellement être aménagée en cas d’itinéraire cyclable.

 

Revêtement coloré ou matériaux différenciés

La bande cyclable suggérée peut être créée grâce à un revêtement différencié sur les bords latéraux de la chaussée, de préférence ocre (pas rouge), l'objectif étant d'obtenir un effet de contraste.

Soulignons qu'il est important de veiller à maintenir une surface de roulage pour les cyclistes la plus plane possible et durable dans le temps.

En pratique, il convient d’utiliser des produits de marquage additionnés de granulats anti-dérapants. Dans tous les cas, le revêtement ocre doit satisfaire à des exigences minimales de rugosité.

Celles-ci sont spécifiées :

→ pour les marquages, au chapitre L 4.3.2.5 du CCT Qualiroutes (minimum 55 unités SRT pour un marquage de grande surface) ;

→ pour les revêtements à hautes performances au chapitre G.3.5.

 

A intervalle régulier, des logos vélo et des chevrons peuventCela renforce le message : « Présence de cyclistes ». être ajoutés.  Il convient cependant de maintenir un contraste suffisant entre les logos et le revêtement coloré.

Vu sous l’angle de la sécurité routière, cet aménagement rétrécit visuellement la chaussée (ce qui peut avoir un impact positif sur les vitesses pratiquées) et donne une meilleure place aux cyclistes. C’est une solution qui renforce la sécurité tant subjective qu’objective des modes actifs.

 
 

Marquage

Les bandes cyclables suggérées en marquage sont constituées de pictogrammes vélos et de chevrons. Pictogrammes et chevrons sont soit marqués en alternance, soit en veillant à ce qu’un pictogramme vélo soit présent au moins tous les 40 m et à chaque carrefour ou zone de conflit.

En section courante, la distance entre les différents marquages (pictogramme vélo et chevrons) est de 10 à 20 m.

Cette interdistance est à adapter selon le contexte : plus élevée en alignement droit, plus serrée en courbe, par exemple.

Dans certains cas, cette distance peut être réduite jusqu’à 4 m, voire moins. Ceci permet d’augmenter le niveau d’attention des usagers et peut être conseillé dans les virages, à l’approche de carrefours, là où on détecte un manque de visibilité des cyclistes, etc.

La distance minimale entre la bande cyclable suggérée et la bordure correspond à la largeur du filet d’eau, soit 0,20 à 0,50 m.

Schéma classique de la bande cyclable suggérée

 

Pictogramme vélo standard

La largeur standard des logos et pictogrammes vélo est de 0,90 m. Elle peut, si les circonstances l’exigent, descendre jusqu’à 0,70 m. Il faut toutefois veiller à toujours garder la proportion de 3 en largeur pour 5 en longueur.

En cas de bande cyclable suggérée en marquage de pictogrammes vélos et chevrons, un revêtement coloré est un moyen pratique d’attirer ponctuellement l’attention sur un conflit éventuel ou de rendre plus lisible une situation peu claire.

 

Comment déterminer si la bande cyclable suggérée doit être marquée ou non à l’intérieur d’un carrefour

Les intersections étant le lieu de concentration des conflits entre les usagers, la continuité du cheminement cyclable à hauteur d’un carrefour mérite toute l’attention du gestionnaire de voirie.

Si la bande cyclable suggérée se trouve sur la voie prioritaire, alors elle est marquée. Si elle se trouve sur une voie non prioritaire, alors le marquage doit être interrompu avant le carrefour et il ne faut pas colorer la traversée.

 

Proximité par rapport à un espace dédié à un autre type d’usager

Mixité  Espace tampon

Il existe une série de recommandations basées sur le concept d’espace tampon.

 

Stationnement

Stationnement longitudinal

Un point important à prendre en compte lors de la réalisation d’une bande cyclable suggérée est le régime de stationnement. Contrairement à une piste cyclable marquée, une bande cyclable suggérée n’interdit pas, par elle-même, le stationnement, mais elle n’est évidemment d’aucune utilité si on peut y stationner !

En l’absence de bande de stationnement, une interdiction de se garer sur la chaussée s’impose (ligne jaune discontinue ou signalisation verticale).

En présence d’une bande de stationnement latéral (d’une largeur standard de 2 m), il est indispensable de prévoir un espace tampon de 0,80 m (minimum 0,60 m), comme pour la piste cyclable marquée.

Si le stationnement est organisé en chicane En d’autres termes, les bandes de stationnement sont marquées en alternance d’un côté puis de l’autre. , il faut prendre en compte la situation où il pourrait y avoir un conflit frontal conducteur/cycliste.

Le dévoiement est marqué lorsque le conducteur a la possibilité de ne pas rouler sur la bande ocre empruntée par le cycliste qui arrive face à lui.

C’est donc en fonction des largeurs disponibles que l’on détermine si la bande cyclable suggérée doit être interrompue ou pas. Dans ce cas tout à fait particulier, une tolérance est envisageable concernant l’espace tampon qui peut être réduit à 0.40 m.

 

Largeur disponible > 5,70m* dans un aménagement en section

* La valeur de 5,70 m doit être reconsidérée lorsque la géométrie des lieux est particulière (en courbe, par exemple).

Dans ces conditions, l’automobiliste peut laisser la place au cycliste face à lui, en roulant sur la BCS aménagée à sa droite.

E.3.02.02 Figure 6.png
Largeur minimale pour marquer le dévoiement en chaussée dans le cas du stationnement en chicane ou écluse

 

Largeur disponible 5m à 5,70m

Dans ces conditions, la largeur est insuffisante pour donner toute la place au cycliste sur une BCS qui serait aménagée à gauche par rapport au sens de circulation de l’automobiliste.

Dès lors, pour inciter à la prudence, on ne marque pas la bande ocre le long de la bande de stationnement.

E.3.02.02 Figure 7.png
Création d'une écluse avec peu de largeur disponible : cas où il convient d’interrompre le marquage de la bande cyclable suggérée

 

Stationnement en épi

Stationnement en épi inversé (entrée en marche arrière du véhicule)

Dans les zones où la vitesse est réduite, ce type de stationnement est intéressant pour les cyclistes et pour les automobilistes, car :

→ Le cycliste ne doit pas tenir compte de l’ouverture des portières.
→ L’automobiliste a un bon aperçu des cyclistes lorsqu’il quitte sa place de stationnement.
→ Les occupants de la voiture ne se retrouvent pas sur la BCS ou sur la chaussée en entrant/sortant du véhicule.

Toutefois, il est important de décourager l’entrée en marche avant des véhicules venant du sens de circulation opposé.  En outre, la chaussée doit être assez large pour pouvoir effectuer une manœuvre.

En conclusion, le stationnement en épi inversé est particulièrement bien adapté aux voiries à sens unique.

Dans le cas de « l’épi inversé », la largeur de la zone tampon est limitée à 0,20 m, puisque le danger lié à l’ouverture des portières n’existe pas.

 

Stationnement perpendiculaire en marche avant ou organisé en épi “classique”

Ce type de stationnement est fortement déconseillé en bordure d’un aménagement cyclable car le conducteur a une mauvaise visibilité lorsqu’il quitte sa place de stationnement.

 

Arrêt de bus

Lorsque le bus s’arrête en voirie, le marquage de la bande cyclable suggérée est interrompu le long de la zone d’arrêt.

 

Dans le cas d’un arrêt de bus en encoche, la bande cyclable suggérée n’est pas interrompue.

 

Accès à un parking public ou à un parking privé ouvert à un large public

La bande de stationnement est interrompue 5 m de part et d’autre de l’accès, soit au moyen du marquage, ou de préférence via l’aménagement d’une avancée de trottoir.  Celle-ci permet d’améliorer la visibilité réciproque du cycliste et de l’automobiliste.

Pour attirer l’attention de l’automobiliste, le tronçon de bande cyclable suggérée peut être coloré :

 

Exemples de profils

Voirie à deux sens de circulation sans bandes de stationnement

 

Voirie à deux sens de circulation avec bandes de stationnement

 

La création d’une bande cyclable suggérée nécessite-t-elle l’adoption d’un règlement complémentaire ?

La bande cyclable suggérée n’a pas de statut juridique. C’est pourquoi cet aménagement ne nécessite pas de règlement complémentaire.

 

Synthèse

Spécificités de la bande cyclable suggérée

Ce n'est pas une piste cyclable !

Pas de règle de circulation décrite dans le code de la route

La BCS est réalisée avec une bande colorée ou des pictogrammes vélos et des chevrons.

Viser l’uniformité d’aménagement sur le tronçon mais on peut tolérer une coexistence (revêtement coloré et pictogrammes) si l’aménagement global couvre plus d’un kilomètre en continu.

Distance par rapport à la bordure : le filet d'eau ou un minimum de 0,20 m

Largeur de l'espace tampon : 0,80 m (exceptionnellement : 0,60 m minimum)

Rarement recommandée dans une zone où la vitesse pratiquée ≥ 50 km/h

 

Sources et infos

Dates de mise à jour
10 octobre 2022

Chapitre 4.2. - adaptation du schéma sur le revêtement coloré et chapitre 6.1. - Ajout de l'encadré "Que faire si ?"

07 août 2023

Chapitre 6.1 : adaptation du "Que faire si ?" Davantage de précisions concernant les largeurs quand le stationnement sert à créer un effet "écluse"

06 septembre 2023

Mise à jour des chapitres 3 et 4, et ajout du chapitre 9

30 octobre 2023

Mises à jour : chapitre 4.1 "En pratique, il convient d'utiliser...." et chapitre 9 "Viser l'uniformité...."

Une erreur ? Une question ?
Vers le lexique
Avertissements

Les informations publiées dans la Sécurothèque (https://securotheque.wallonie.be) sont fournies à titre informatif. Sur le terrain, la réalisation des aménagements découle d’exigences spécifiques, examinées au cas par cas.

Les prescriptions techniques (pour les travaux routiers effectués sur le réseau régional et pour les travaux routiers subsidiés effectués sur le réseau communal) se trouvent dans le document de référence : CCT – Chapitre L-2 (signalisation verticale) – Chapitre L-4 (signalisation horizontale). Il est évidemment recommandé de réaliser le marquage avec une rugosité réduisant le risque d’accident en cas de sol humide.