concept Fiche n°144
  • Publication 07 mai 2018

La vitesse pratiquée par les conducteurs

Comprendre comment un conducteur choisit sa vitesse.

 

La vitesse pratiquée est choisie, individuellement, en fonction d’une certaine lecture de la route et de son environnement, mais aussi selon :

 

  • les connaissances du conducteur ;

  • son acceptation des risques ;

  • son état émotionnel ;

  • l’impression donnée par les conditions de circulation (faciles ou difficiles) ;

  • le mode de consommation habituel de la personne ;

  • le rapport de chacun aux règles ;

 

Comment définir la vitesse pratiquée ?

 La vitesse pratiquée est celle qu’un conducteur décide d’adopter en conformité ou non avec la limite légale.

 

Quels sont les facteurs qui influencent le comportement en matière de vitesse ?

Deux groupes de facteurs peuvent être définis :

  • Les paramètres liés au conducteur
  • Les paramètres liés au paysage et à l’infrastructure

Les paramètres liés au conducteur

Les auteurs sont généralement d’accord pour dire qu’il y a différents aspects qui influencent la conduite automobile :

Les connaissances, les automatismes et les aptitudes de l’individu

Tout conducteur ayant acquis une certaine expérience développe un ensemble d’automatismes, des réactions préprogrammées.

A côté de cela, certaines circonstances peuvent engendrer une conduite problématique.

 

L’acceptation des risques

A. Le risque sur le plan de la sécurité

Le conducteur accepte d’encourir un certain niveau de risque dès lors qu’il peut en retirer un « gain » qui justifie cette prise de risque. C’est la théorie de l’homéostasie du risque.  Le conducteur peut entreprendre des actions plus ou moins risquées en fonction d’un gain potentiel (par exemple gagner du temps).

A tout instant, il ajuste ses comportements de manière à ce que le risque estimé soit en conformité avec les gains attendus.

Autrement dit, la vitesse est fonction du sentiment de sécurité du conducteur.

Il route vite parce qu’il ne voit pas le danger et parce que, même s’il commet une infraction, il pense que celle-ci passera inaperçue.

Dans ce contexte, deux notions sont à analyser :

– le « gain espéré »

La relation entre le temps de trajet et la vitesse n’est que très rarement linéaire, et même dans ces cas-là, le gain de temps est exponentiellement décroissant.

Par exemple, si je parcours une ligne droite de 10 km:

– à 10 km/h, la durée du trajet est de 1h

– à 20 km/h, la durée descend à 30 minutes

– à 30 km/h, 20 minutes

– à 40 km/h, 15 minutes…

En passant de 30 km/h à 40 km/h, je ne gagne déjà plus que 5 minutes.  Le gain de temps décroit avec la vitesse.

– le « risque estimé »

Actuellement, la gravité des blessures en cas d’accident à vitesse élevée ne semble pas encore suffisamment connue.

Pour toucher un large public et faire comprendre que « rouler un peu trop vite peut avoir de grandes conséquences », des campagnes de sensibilisation sont nécessaires.

 

B. Le risque d’être sanctionné

Le Conseil supérieur wallon de la Sécurité routière l’a clairement mis en évidence : le risque subjectif de se faire contrôler sur les routes wallonnes et d’être réellement sanctionné en cas d’infraction doit être plus marqué.

Un meilleur niveau de sécurité routière peut être atteint grâce au renforcement des contrôles de vitesse.

La multiplication des radars qui prennent en flagrant délit les conducteurs circulant au-delà de la vitesse maximale autorisée agit évidemment sur l’estimation du risque.

L’intensification des contrôles de vitesse représente donc une solution provisoire, en attendant la généralisation de l’ISA (Intelligent Speed Adaptator).

 

La difficulté de la tâche

Le comportement en matière de vitesse dépend d’un troisième paramètre, donné par le modèle TCI (Task Capability Interface), qui soutient que la vitesse est choisie selon qu’il est aisé ou non de la maintenir à un certain niveau.

Cette observation est liée aux conditions de circulation :

– l’état de la circulation (dense, fluide, ralentie),

– la composition du trafic (présence de poids lourds, de cyclistes,…)

– la vitesse générale,

– les conditions météorologiques,

– la période de la journée,

– le confort, l’état du véhicule, sa puissance…

 

Le mode de consommation individuel et les préoccupations environnementales

Rouler moins vite constitue un bon plan pour économiser.  C’est une manière certaine d’éviter toute amende pour excès de vitesse et de freiner ses dépenses en carburant.

Or, les sciences sociales mettent en évidence que les particuliers sont généralement économes.

S’ils surveillent leur consommation en carburant, cela peut avoir une incidence sur la vitesse pratiquée.

Même si la question des émissions en CO2 est surtout liée à la problématique de la mobilité, il serait intéressant de convaincre le conducteur qu’il est gagnant, financièrement, en roulant moins vite.

De même, le souci émergent de diminuer son empreinte écologique modifie peu à peu le comportement de l’usager.  Celui-ci s’ouvre à des préoccupations qui touchent à l’environnement et c’est un facteur susceptible d’influencer la conduite.

 

Les paramètres liés à l’infrastructure et au paysage

© Centre de recherches routières (CRR)

 

Source : Formation auditeur – CRR

 

Dans le paysage ou l’aménagement de la voirie Ce qui incite à ralentir Ce qui incite à accélérer

Le dégagement visuel latéral Distance latérale entre le bord droit et le premier obstacle formant un obstacle visuel. .

La mise en place d’éléments structurant l’espace pour rendre la route plus lisible favorise la bonne perception du risque :

  • Un écran végétal dense d’au moins 1,5 m de haut
  • Des façades accolées
  • Des bâtiments proches de la chaussée
A l’inverse, un paysage dégagé, les façades des bâtiments très éloignées de la chaussée donnent une impression de confort, un sentiment de sécurité.

La densité d’occupation du solConfiguration physique du territoire : rapport entre la surface réservée à l’habitat et la surface totale considérée… .

Se sentir en agglomération Le milieu rural
La fonction de la route Un espace où la fonction « accessibilité » est clairement privilégiée Une voirie du réseau structurant où la fonction « transport » est prépondérante
La distance de perspective visuelle Un environnement visuel chargé où l’attention du conducteur est sans cesse sollicitée Une grande distance sans obstacle visuel
Le tracé de la route Un virage, une pente, un manque d’homogénéité Une trajectoire rectiligne et une route bien large
L’aménagement de la route et de ses abords, en ce compris la signalisation

Tout ce qui rend crédible une limitation de vitesse :

  • Le nombre de voies
  • L’existence ou non d’une bande centrale
  • La densité d’intersection Beaucoup de jonctions, de croisements, de carrefours .

  • La présence de trottoirs
  • Le stationnement en accotement et le taux d’utilisation de cet aménagement
Une route confortable L’annonce d’une limitation de vitesse peu crédible ou pas crédible du tout Aucun signe d’une vie locale

La rugosité« On désigne par rugosité les aspérités et les creux d’une surface mesurés par rapport à la surface moyenne assimilée localement à un plan. » Source : Technique de l’ingénieur et l’état de la chaussée.

L’inconfort Le confort

 

Le SPW Mobilité et Infrastructures utilise un outil consacré à la détermination des limites de vitesse, qui prend en considération ces différents paramètres liés à l’infrastructure et au paysage.

 

Sources et infos

Dates de mise à jour
Pas de mise à jour
Une erreur ? Une question ?
Reférences/Sources
Vers le lexique
Autour du même sujet
Mots-clés
Avertissements

– Les prescriptions techniques (pour les travaux routiers effectués sur le réseau régional et pour les travaux routiers subsidiés effectués sur le réseau communal) se trouvent dans le document de référence : CCT – Chapitre L-2.

Les informations publiées dans la Sécurothèque (https://securotheque.wallonie.be) sont fournies à titre informatif. Sur le terrain, la réalisation des aménagements découle d’exigences spécifiques, examinées au cas par cas.