concept Fiche n°226
  • Publication 08 mai 2018

Pourquoi limiter la vitesse ?

Les autorités veillent à prendre des mesures précises pour limiter la vitesse, c’est-à-dire tendre vers un équilibre entre sécurité et mobilité sur l’ensemble du réseau routier et autoroutier.

 

Pourquoi ?

 

  • Parce que l’impact de la vitesse sur la sécurité routière est flagrant

  • Parce que la route se partage et que, dès lors, la gestion de la vitesse devient un enjeu pour l’ensemble de la société

L’impact de la vitesse sur la sécurité est-il flagrant ?

Tous les auteurs qui analysent la relation entre la vitesse et les accidents mettent en évidence qu’une augmentation de la vitesse est liée à :

  • d’une part, l’augmentation du risque d’accident,
  • d’autre part l’augmentation de la gravité des accidents.

 

A. La vitesse est un facteur qui favorise l’accident

 Il est indéniable que, sur la route, la vitesse excessiveCelle qui présente un écart par rapport à la vitesse légale ou inadaptéeCelle qui est en dessous de la vitesse maximale autorisée mais inadéquate par rapport aux conditions de circulation. En effet, des circonstances particulières imposent de rouler à une vitesse moins élevée. constitue le principal facteur de risque d’accident. Les statistiquesAujourd’hui, 1 accident mortel sur 3 est encore dû à une vitesse excessive ou inadaptée et elle est responsable de 15% de l’ensemble des accidents. Source : AWSR http://www.tousconcernes.be/theme/vitesse/ le montrent !

Cela se conçoit aisément, lorsqu’on a compris :

– les changements de perception induits par la vitesse (Voir et être vu, de plus en plus difficile lorsque la vitesse augmente)

– la relation très nette entre vitesse et distance d’arrêt (S’arrêter à temps, plus aléatoire à vitesse élevée)

– et comment la conduite est régie par les lois de la physique (Subir l’effet de la force centrifuge, plus problématique à vitesse élevée).

 

B. La vitesse est un facteur qui aggrave l’accident

Que se passe-t-il lors d’un crash ?

Vidéo sélectionnée sur le site ottocoach.be de l’AWSR

Les véhicules en mouvement accumulent de l’énergie cinétique, qui augmente selon le carré de la vitesse.

Ec = ½ m v² (m étant la masse de l’objet et v la vitesse de celui-ci)

 

C’est la vitesse d’impactLa vitesse au moment exact où il y a collision qui va déterminer la quantité d’énergie à dissiper et sera, dès lors, le facteur principal de la gravité de l’accident.

Une première vague de dégagement de l’énergie se fait du véhicule sur l’obstacle. A celle-ci s’ajoute l’énergie acquise par le corps humain qui poursuit sa trajectoire jusqu’à ce qu’il soit lui-même arrêté par un obstacle (ceinture, tableau de bord, pare-brise…). La troisième vague correspond au choc des organes qui continuent le mouvement à l’intérieur du corps.

Pour évaluer les conséquences possibles d’un accident de la route, on se souviendra qu’un choc contre obstacle agressif à une vitesse de 70 km/h équivaut à une chute d’un bâtiment d’une hauteur de 20 m.

Certaines personnes y trouvent la mort. D’autres gardent des séquelles à vie et dans tous les cas, les conséquences familiales, économiques et sociales sont considérables.

 

Au travers des chiffres, on voit que :

– La probabilité de survivre décroît très rapidement avec l’augmentation de la vitesse: si la vitesse d’impact est de 80 km/h, le risque de décéder est 20x plus élevéSource : La vitesse au volant, son impact sur la santé et les mesures pour y remédier, Institut de santé public du Québec, 2005. que si la vitesse d’impact est de 30 km/h.

– Les blessures varient en fonction de l’utilisation d’un système de retenueCeinture de sécurité ou dispositif de retenue pour enfant (lit-auto, siège bébé, siège enfant à coque avec harnais, rehausseur), de l’activation d’un airbagCoussin destiné à protéger les passagers d'un véhicule automobile lors d'un choc, en se gonflant subitement de gaz. Source : Larousse, de l’âge et de l’état de santé de la personne accidentée…

– Les conducteurs et passagers sont généralementLorsqu’ils ont bouclé leur ceinture de sécurité dans une voiture récente, aux normes actuelles, régulièrement contrôlée et bien entretenue. protégés jusqu’à 70km/h si le choc est frontal et jusqu’à 50km/h si le choc est latéral.

 

Pourquoi est-il indispensable d’imposer des limitations de vitesse ?

La route est un espace « partagé ».

Cette observation a pour corollaire l’obligation de fixer des limites. Individuellement, le comportement en matière de vitesse est influencé par plusieurs facteurs et, en particulier, par l’acceptation du risque qui varie fortement d’un conducteur à l’autre.

Si un individu sous-estime l’impact de la vitesse sur le risque d’accident et sur ses conséquences, il va imposer aux autres usagers un choix qui accroît leur exposition au risque.

De plus, pour le gestionnaire de voirie, limiter la vitesse permet :

  • de donner une indication sur la vitesse adéquate en fonction de chaque situation (présence d’obstacles, configuration de la route peut-être difficile à comprendre…);
  • de prendre des mesures qui favorisent la conduite à une vitesse sécuritaireExpression utilisée « lorsque les limites de vitesse choisies sont déterminées en privilégiant la sécurité à la mobilité, et en optant pour des seuils qui tiennent compte des effets de la vitesse sur le bilan routier et sur les victimes ». Source : La vitesse au volant, son impact sur la santé et les mesures pour y remédier, Institut de santé public du Québec, 2005.;
  • de diminuer la dispersion des vitesses.

 

Le Conseil supérieur wallon de la Sécurité routière relève, à ce sujet, que « plus une route enregistre un trafic avec de grandes différences de vitesse entre les véhicules, moins elle est sûre ».

Un différentiel de vitesse entre les usagers peut engendrer des manœuvres dangereuses, des dépassements improvisé ou un non-respect flagrantLe fait de « coller » la voiture qui précède. des distances de sécurité entre véhicules.

En conclusion, il est indispensable d’imposer des règles dans un domaine où les choix, s’ils devaient rester individuels seraient trop disparates et donc potentiellement dangereux.

Mais cela signifie aussi que modifier une limitation de vitesse n’a rien d’anodin. C’est pourquoi, une réflexion doit d’office être menée pour savoir quelle limite choisir.

 

Y a-t-il un consensus international sur la question ?

En 2012, les Nations Unies adoptent une résolution, présentée comme un outil de référence pour les pays soucieux d’améliorer le niveau de la sécurité routière. On y trouve des recommandations sur les limitations de vitesse.

Internationalement, il est établi que la gestion de la vitesse constitue un élément-clé du safe system.

Selon cette approche, la limitation de vitesse dépend du type de véhicule qui circule sur le tronçon étudié, de la lisibilité et de la sureté de la route, de ses abords, de la présence d’intersections et d’usagers faibles. Ces facteurs permettent de déterminer une vitesse maximale au-dessus de laquelle la probabilité de mort ou de blessure grave en cas d’accident atteint un pourcentage jugé inacceptable.

 

Vitesses d’impact au-dessus desquelles les chances de survie ou les chances d’éviter des blessures graves diminuent rapidement

Type de collision Vitesse d’impact Exemple
Voiture/piéton ou cycliste 30 km/h Là où le trafic est composé d’usagers faibles et de véhicules motorisés
Voiture/motocycliste
Voiture/voiture (choc latéral) 50 km/h Là où la probabilité d’observer des accidents avec choc latéral est plus grande (par exemple aux intersections ou aux points d’accès)
Voiture/voiture (choc frontal) 70 km/h Là où il n’y a pas de séparation entre les flux de trafic opposés

Source : AIPCR, Road safety manual. – Table 4.4: Survivable impact speeds Source: Tingvall & Haworth 1999.

Le SPW Mobilité et Infrastructures dispose d’un outil consacré à la détermination des limitations de vitesse et qui s’inscrit dans la logique du safe system.

 

Sources et infos

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Avertissements

– Les prescriptions techniques (pour les travaux routiers effectués sur le réseau régional et pour les travaux routiers subsidiés effectués sur le réseau communal) se trouvent dans le document de référence : CCT – Chapitre L-2.

Les informations publiées dans la Sécurothèque (https://securotheque.wallonie.be) sont fournies à titre informatif. Sur le terrain, la réalisation des aménagements découle d’exigences spécifiques, examinées au cas par cas.