Lister les critères de sécurité et d’opportunité que doivent remplir les passages pour piétons
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Priorité n'est pas sécurité
Lister les critères de sécurité et d’opportunité que doivent remplir les passages pour piétons
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Avant d’analyser ces critères, il est utile d’expliciter le ou les objectif(s) recherché(s).
Exemple
Imaginons un lotissement séparé d’un centre villageoisCommerces, école, salle des fêtes ou bâtiment administratif… par une voirie à deux bandes de circulation, où la vitesse autorisée est limitée à 50 km/h par la présence de panneaux F1/F3, alors que la vitesse V85Vitesse en dessous de laquelle roulent 85 % des conducteurs a été mesurée et atteint 73 km/h.
Analyse
Il y a un sentiment d’insécurité ressenti par les riverains et les piétons, du fait que la vitesse pratiquée est plus élevée que la vitesse autorisée. Les piétons pensent qu’un passage piéton leur offrira la sécurité nécessaire pour rejoindre les commerces et les riverains pensent que les voitures seront ralenties par la présence du passage.
Or, un passage piéton n’est pas un ralentisseur !
La priorité conférée par le passage piéton n’est jamais un gage de sécurité !
Le gestionnaire de voirie a besoin de cerner les risques qui se rattachent à la circulation des piétons traversant la chaussée.
Pour déterminer s’il est conseillé ou non de tracer un passage pour piétons, il vérifie, point par point, ce que l’on nomme « les critères de sécurité » et les « critères d’opportunité ».
L’analyse montrera, dans certains cas, qu’il y a d’autres pistes à explorer et d’autres moyens d’apporter une solution au problème constaté.
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– Vitesse pratiquée – Virage, dos d’âne / côte – Mobilier urbain, végétation, véhicules en stationnement, etc |
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– Vitesse pratiquée => distance de freinage
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Longueur de la traversée et/ou nombre de bandes de circulation – Largeur des bandes de circulation – Nombre de bandes de circulation
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Trafic véhicules hors agglomération – Trafic véhicules/jour – Trafic véhicules/heures de pointe
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– Présence de trottoirs ou d’un aménagement praticable (PMR) – Trajectoire naturelle (le piéton ne se sent pas obligé de faire un détour)
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Trafic véhicules en agglomération – Trafic véhicules/jour – Trafic véhicules/heures de pointe
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– Estimation – Présence d'usagers très vulnérables
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– Présence d'un itinéraire pour piétons
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On parle bien ici de visibilité réciproque : voir et être vu.
Visibilité en lien avec la vitesse V85
Selon la vitesse pratiquée par les véhicules, les distances de visibilité idéalement requises sont les suivantes :
V85 ~ 30 km/h > distance de visibilité minimale ~ 50 m
V85 ~ 50 km/h > distance de visibilité minimale ~ 100 m
V85 ~ 60 km/h > distance de visibilité minimale ~ 150 m
Cette évaluation des distances de visibilité est liée au constat que la vitesse modifie les perceptions et la capacité de réaction du conducteur.
Les valeurs retenues peuvent sembler excessives, mais la volonté est de prendre en compte une distance de freinage sûre en toutes circonstances, y compris lorsque le véhicule est un bus ou un camion.
Visibilité en lien avec le contexte :
La question de la visibilité doit aussi être appréhendée en observant tout ce qui est susceptible de masquer le piéton ou le véhicule.
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Le totem est placé trop près du bord de la voirie et peut masquer un enfant. De même le stationnement n’est pas empêché sur 5 m en amont de la traversée. Si un véhicule de type camionnette stationne près de l’avancée de trottoir, la visibilité réciproque est nulle.
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La vitesse à prendre en compte est bien la V85Vitesse en dessous de laquelle roulent 85% des conducteurs. . En effet, décider d’implanter ou non un passage pour piétons implique de tenir compte de la réalité de terrain.
Avec une vitesse V85 inférieure à 60 km/h, on considère que le conducteur a le temps d’appréhender qu’un piéton est sur le point de traverser.
Entre 60 et 70 km/h, une traversée est possible dans certains cas particuliers, en réalisant des aménagements complémentaires : au minimum, il convient de construire un îlot refuge pour une traversée en deux temps et, suivant le contexte, de prévoir des avancées de trottoir, un marquage de grande surface de part et d’autre de la traversée, et de s’assurer de la qualité de l’éclairage.
Lorsque la V85 n’atteint pas 30 km/h, l’aménagement de la rue entraîne généralement une mixité du type d’usagers et le marquage d’une traversée n’est ni nécessaire, ni souhaitable, sauf si l’on se situe à proximité d’une école, ou dans quelques autres cas particuliers.
Pour réaliser une analyse globale satisfaisante, il est préférable de disposer de mesures de vitesse. Si ces données chiffrées ne sont pas disponibles, il est recommandé d’utiliser l’outil mis au point par la Direction des Déplacements doux et de la Sécurité des aménagements de voiries pour évaluer la vitesse que l’usager choisirait en fonction de l’environnement et en l’absence de toute signalisation.
Hors régulation par feux tricolores, le passage piéton traverse au maximum 2 bandes de circulation.
La règle générale est qu’il faut éviter de tracer un nouveau passage pour piétons sur une route à 2 x 2 bandes, que l’on soit en rase campagne, en milieu périurbain ou en milieu urbain. Le risque ? Lors de dépassementsDépasser selon ce scénario est interdit sur base de l’article 17.2. 5° du code de la route. Dans les faits, il n’est pourtant pas rare d’observer ce type de comportement., les piétons peuvent être masqués par la voiture qui s’arrête et être fauchés par le véhicule qui effectue le dépassement. |
Les giratoires sur les 2 x 2 bandes sont des cas particuliers qu’il convient d’analyser spécifiquement selon le contexte et les fréquentations piétonnes.
La décision de tracer un passage piéton sur ce type de voirie a parfois été prise :
Dans ces cas particuliers, la sécurisation est indispensable et une analyse doit être réalisée. Différentes options sont possibles :
→ Il s’agit d’une solution à étudier selon le contexte : les trafics de piétons et de véhicules,…
En l’absence de comptage, il est nécessaire d’effectuer une estimation. Celle-ci est réalisée de préférence aux heures de pointe.
En fonction du nombre de véhicules qui circulent sur la voirie, on différencie quatre contextes. Ces chiffres ne sont pas à prendre comme valeurs absolues mais bien comme valeurs repères.
Le volume de trafic est faible car inférieur à 3.000 véhicules/jour
Vu le faible trafic, le piéton a la possibilité de traverser facilement où il le souhaite. Tracer un passage pour piétons implique de contraindre le piéton à l’utiliser s’il est à moins de 20 m (code de la route Art 42.4.1). La décision est à prendre au cas par cas, en fonction de l’ensemble des critères de sécurité et d’opportunité.
Le volume de trafic est qualifié de « moyen » : entre 3.000 et 6.000 véhicules/jour
Tracer un passage piéton est envisageable.
Le volume de trafic est qualifié d’« élevé » : entre 6.000 et 12.000 véhicules/jour
Un passage piéton, avec aménagements adéquats, est envisageable.
Le volume de trafic est qualifié de « très élevé » car supérieur à 12.000 véhicules/jour
Un passage piéton, avec aménagements adéquats, est envisageable.
On étudiera aussi l’opportunité d’installer une signalisation lumineuse de circulation.
En agglomération, si le volume de trafic reste faible, y compris à l’heure de pointe, on peut déduire que le piéton a la possibilité de traverser facilement. Dans ce cas précis, il n’est pas opportun de tracer un passage pour piétons.
Sachant qu’une agglomération n’est pas l’autre, il serait irréaliste de fixer, de manière purement théorique, des seuils de référence : 3.000 véhicules/jour ? 2.000 véhicules/jour ?
Une estimation du trafic peut être facilement réalisée grâce à la connaissance du terrain et par l’observation.
En cas de doute ou de situation plus difficile, les communes peuvent solliciter le prêt de compteurs auprès de la Direction des Déplacements doux et de la Sécurité des aménagements de voiries pour mener elles-mêmes des campagnes de mesures.
Pour examiner le trafic des piétons sous l’angle de la sécurité, il faut prendre en compte :
→ Certains sites méritent une attention particulière car les piétons qui les fréquentent sont très vulnérables. Si l’on se trouve à proximité d’une école, d’un hôpital, d’un établissement pour personnes handicapées ou d’une maison de repos etc., les lieux doivent être étudiés et adaptés en conséquence.
→ Une analyse des points d’attraction proches du site étudié permet d’évaluer si le trafic piéton est faible, moyen ou important.
→ Il peut aussi varier selon le moment dans la journée (à proximité d’un arrêt de bus, en fonction des horaires du bus ; près d’une école, selon les heures d’entrée et de sortie,…).
→ Ces notions sont rarement chiffréesLe comptage des piétons reste une pratique peu courante., car très subjectives.
Exemples:
→ Cas particulier d’un trafic piéton très faible :
Imaginons un passage pour piéton en dehors de tout itinéraire et que seul un riverain emprunte quelquefois. Les conducteurs qui connaissent les lieux, ont perdu l’habitude d’être vigilants à cet endroit. Le risque est alors important que l’un d’eux réagisse avec retard s’il est surpris par la présence tout à fait occasionnelle d’un piéton.
Dans des cas similaires, il est utile de vérifier si un autre type de traversée n’est pas plus adéquat qu’un passage piéton.
→ Cas particulier d’une voirie à sens unique bordée de commerces :
Imaginons que cette voirie soit limitée à 30 km/h et que les piétons traversent un peu n’importe où. Il n’est pas crédible de tracer des passages piétons tous les 30 m et d’obliger les piétons à les emprunter.
Tracer un passage piéton implique qu’il existe un itinéraire piéton, c’est-à-dire un parcours reliant au minimum deux points d’attraction.
Enfin, l’aménagement est étudié pour respecter au mieux les itinéraires naturels du piétonLe piéton a tendance à choisir le cheminement le plus court entre deux points d’attraction..
Dans le cas où un passage ne réunit pas l’un des deux critères fondamentaux que sont la visibilité et la vitesse, le passage ne devrait pas être tracé. Une étude globale du site devra vérifier quelles sont les solutions envisageables pour remédier à ces critères défaillants ou si un autre aménagement que le passage piéton ne doit pas être envisagé.
Dans le cas où ces critères ne sont pas rencontrés (= avec une évaluation qui ne soit pas strictement positive), c’est l’analyse globale de tous les critères qui pourra aider le gestionnaire à envisager les solutions possibles.
→ si la vitesse pratiquée (V85) est ≤ 50 km/h, alors il faut idéalement laisser une distance minimale de 100 m entre les deux traversées ;
→ si la vitesse pratiquée (V85) se situe entre 50 et 60 km/h, alors il faut idéalement laisser une distance minimale de 150 m entre les deux traversées.
Les critères utilisés sont les mêmes dans les deux cas.
Cependant, dans le cas d’un réaménagement de la voirie dans sa globalité, il est intéressant d’analyser le tracé du passage piéton et de voir si des aménagements complémentaires n’améliorent pas la sécurité de l’usager et si la traversée s’inscrit toujours dans un itinéraire piéton.
Chapitre 1.3.2. : lorsqu’est évoquée la mise en évidence du passage pour piétons, le terme « Enduit Superficiel à Haute Performance » est remplacé par le terme « marquage de grande surface ».
– Les prescriptions techniques (pour les travaux routiers effectués sur le réseau régional et pour les travaux routiers subsidiés effectués sur le réseau communal) se trouvent dans le document de référence : CCT – Chapitre L-2.
Les informations publiées dans la Sécurothèque (https://securotheque.wallonie.be) sont fournies à titre informatif. Sur le terrain, la réalisation des aménagements découle d’exigences spécifiques, examinées au cas par cas.