- Publication 10 novembre 2022
- Mise à jour 13 février 2024
La chaussée à voie centrale
La « Chaussée à voie centrale » (CVC) est une chaussée sans marquage axial, composée d’une voie centrale destinée au trafic motorisé, encadrée par deux bandes latérales dédiées aux modes actifs.
Ce type d’aménagement ne convient pas sur un tronçon comportant une succession de virages, de carrefours ou avec un relief accidenté.
Bien comprendre le fonctionnement de la chaussée à voie centrale
Test pour observer le comportement des conducteurs
réalisé avant l'adoption de l'arrêté ministériel décrivant le marquage des bandes latérales
La largeur de la voie centrale ne permet pas le croisement de deux véhicules. Ceux-ci sont autorisés à emprunter les bandes latérales lors des croisements ou dépassements, à condition de ne pas mettre en danger les piétons et les cyclistes qui s’y trouvent.
La CVC délimite un espace (à savoir les bandes latérales) sur lequel les piétons et les cyclistes peuvent circuler lorsque des aménagements cyclables/cyclo-piétons ne peuvent pas être réalisés C’est le cas lorsque la largeur de la voirie ne permet pas de tracer des pistes cyclables/cyclo-piétonnes tout en laissant suffisamment d’espace pour que les véhicules automobiles puissent se dépasser ou se croiser sans empiéter sur ces aménagements. ou en attendant la réalisation de tels aménagements.
La chaussée à voie centrale n’a pas vocation à suppléer des aménagements plus adéquats lorsque la géométrie des lieux les permet (piste cyclable marquée, piste cyclable séparée, piste cyclo-piétonne D9 , …).
Si la CVC ne semble pas induire un effet réducteur de la vitesse, l’expérience a démontré que le trait droit de la voie centrale est bien perçu comme la limite de la chaussée, que les véhicules ne franchissent pas lors des dépassements de cyclistes.
Aspects légaux
Définitions
Une Chaussée à voie centrale est définie comme une partie de la voie publique délimitée par les marques routières visées à l'article 75.3 qui indiquent de chaque côté les bords fictifs de la chaussée. Article 2.71. du Code de la route
On entend par « bande latérale » la bande située le long de la chaussée à voie centrale. La bande latérale ne fait pas partie de la chaussée. Article 2.72. du Code de la route
Règles d’usage
Croisement Article 15.3 du Code de la route
Les bords fictifs de la chaussée centrale Deux lignes blanches parallèles discontinues de chaque côté de la chaussée, constituées à chaque fois de deux paires de traits courts. peuvent être franchis lorsque le croisement ne peut être effectué en raison de la largeur de la chaussée centrale, à condition de ne pas mettre en danger les usagers de la route qui se trouvent sur les bandes latérales situées à l’extérieur des marques qui délimitent la chaussée centrale.
Dépassement Article 16.5 du Code de la route
Les bords fictifs de la chaussée centrale peuvent être franchis lorsque le dépassement ne peut être effectué en raison de la largeur de la chaussée centrale, à condition de ne pas mettre en danger les usagers de la route qui se trouvent sur les bandes latérales situées à l’extérieur des marques qui délimitent la chaussée centrale.
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Arrêt Article 23.1, 2°, alinéa 5 du Code de la route
L’arrêt est autorisé sur les bandes latérales d’une chaussée à voie centrale, lorsque l’accotement n’est pas suffisamment large ou s’il n’est pas praticable.
Stationnement Article 25.1,15° du Code de la route
Le stationnement est interdit sur les bandes latérales d’une chaussée à voie centrale.
Vitesse Article 11.2.3° du Code de la route
En Wallonie, la vitesse est limitée à 70 km/h lorsque la CVC est aménagée hors agglomération. Une limite de vitesse inférieure est cependant possible par la pose de signaux C43 en cas de trafic important de cyclistes et/ou de piétons.
En agglomération, c’est la limite de vitesse de l’agglomération elle-même qui est d’application.
Quel marquage apposer ?
Ce sont les deux lignes blanches parallèles discontinues de chaque côté de la chaussée qui vont donner à l’aménagement son statut.
Ces lignes discontinues indiquant une chaussée à voie centrale « sont constituées de 2 paires de traits d'une largeur de 0,10 m, d'une longueur de 1 m et espacés de 1 m qui se répètent après un espace de 3 m.» Article 17.3 du Code du Gestionnaire wallon.
Quelle signalisation verticale installer ?
Il n’y a pas de signalisation verticale prévue dans le Code de la route pour signaler une chaussée à voie centrale. Néanmoins, une signalisation verticale (indiquant aux automobilistes le comportement à adopter) peut être placée à l’entrée de la CVC et éventuellement répétée après les carrefours structurants. La bonne pratique consiste à installer ce type de panneau.
Comme ce concept d’aménagement est neuf dans notre pays, la signalisation verticale spécifique peut être placée lors des nouveaux aménagements et ne pas être renouvelée une fois le comportement des usagers acquis.
Hors agglomération, le signal reprendra également la mention de la limite de vitesse qui est d’application sur une chaussée à voie centrale.
Faut-il colorer les bandes latérales d’une CVC ?
Afin de renforcer la visibilité de la CVC, il est fortement recommandé de mettre en évidence les bandes latérales par une coloration différenciée. Le ton est à choisir en fonction du revêtement, l’objectif étant d’obtenir un contraste suffisant. L’ocre est une couleur associée à la présence de cycles. Cette couleur est donc conseillée (pas le rouge, sauf au niveau des zones de conflit).
Pour les nouveaux aménagements et les travaux qui portent sur toute la couche de roulement de la chaussée, la solution du revêtement coloré est la meilleure.
Dans les autres cas, c’est-à-dire sur un revêtement existant, la technique de coloration des bandes cyclables est identique à celle des bandes cyclables suggérées.
En pratique, il convient d’utiliser des produits de marquage additionnés de granulats anti-dérapants. Dans tous les cas, le revêtement ocre doit satisfaire à des exigences minimales de rugosité.
Celles-ci sont spécifiées au chapitre L 4.3.2.5 du CCT Qualiroutes (minimum 55 unités SRT pour un marquage de grande surface).
Faut-il marquer des pictogrammes dans les bandes latérales d’une CVC ?
Les piétons et les cyclistes étant les principaux utilisateurs des bandes latérales de la CVC, celles-ci peuvent être mises en évidence par le marquage de pictogrammes aux accès.
En l’absence de coloration ocre, il est conseillé de marquer au sol ces pictogrammes tous les 200 m.
Test pour observer le comportement des conducteurs
réalisé avant l'adoption de l'arrêté ministériel décrivant le marquage des bandes latérales
Il est envisageable également de répéter ces pictogrammes après les carrefours structurants :
- pictogramme vélo à l’entrée de la bande de droite, dans le sens de la circulation des voitures ;
- s’il y a des enjeux piétons sur le cheminement, pictogramme piéton à l’entrée de la bande de gauche, pour être face aux voitures.
Quels usagers empruntent la CVC et avec quelles obligations ?
En l’absence d’infrastructure spécifique pour les piétons (comme les trottoirs ou les parties de la voie publique réservées) et s’il n’y a pas d’accotement praticable, les piétons sont obligés d’utiliser les bandes latérales qui se trouvent à l’extérieur de la chaussée à voie centrale. Article 42.1, 6° du Code de la route
Ils circulent à gauche par rapport au sens de leur marche lorsqu’ils empruntent les bandes latérales, ou à droite si les circonstances de sécurité le justifient.
A condition de circuler à droite par rapport au sens de leur marche, et de céder la priorité aux piétons qui suivent cette partie de la voie publique, les usagers suivants peuvent également circuler sur la bande latérale :
- conducteurs de cycles ;
- conducteurs de cyclomoteurs classe A ;
- conducteurs de speed pedelecs ;
- conducteurs d’animaux de trait non attelés, de charge, de monture ou de bestiaux Art. 9.1.2.3° et 4°, alinéa 2 du Code de la route.
Les autres conducteurs ne peuvent utiliser ces parties de la voie publique que pour le croisement et le dépassement.
Figure 1 | Figure 2 |
Gabarit de voiries
Le gabarit des voiries où s’implante la CVC doit être compris entre 5 et 7,50 m. Au-delà, la largeur permet le marquage de pistes cyclables marquées.
Les bandes latérales ont une largeur d’1,25 m minimum (marquage compris). Elles occupent environ un quart de la largeur de la chaussée.
La voie centrale a une largeur maximale de 3,50 m. Article 17.3 du Code du Gestionnaire wallon
Elle occupe environ la moitié de la chaussée.
Figure 3 | Figure 4 |
Figure 5 | Figure 6 |
En présence d’une ligne de bus, il est recommandé de prévoir une largeur de 3 m minimum pour la voie centrale. Toutefois, une marge de tolérance sera admise sur les tronçons faiblement fréquentés par le réseau autobus : une largeur de chaussée de 5,50 m pourrait suffire. Le TEC sera consulté dans ce cas pour remettre un avis en fonction du contexte local.
Figure 7
Critères d’implantation
Choisir la solution de la chaussée à voie centrale est pertinent :
- là où il y a un passage de cyclistes et de piétons avéré ;
- quand la réalisation d’infrastructures cyclables ou cyclo-piétonnes séparées n’est pas envisageable ou en attendant qu’un tel aménagement soit réalisé.
La CVC est implantée sur des voiries présentant une densité de trafic faible (≤3000véh/jour dans les deux sens), dans des zones peu ou pas bâties. Ce sont en général des voiries de liaison inter-villages hors agglomération.
La CVC peut également se trouver en agglomération dans des zones présentant les mêmes caractéristiques qu’énumérées ci-dessus (faible densité de trafic et de bâti) et qui ne sont pas soumises à une pression en matière de stationnement. Si la pression en matière de stationnement est importante, l’aménagement de bandes de stationnement s’impose, avant la mise en œuvre d’une CVC.
Les conditions de visibilité doivent être vérifiées. Pour des raisons évidentes de sécurité, le marquage de la CVC doit être interrompu aux endroits où la visibilité entre les usagers est réduite (par exemple, au sommet d’une côte ou avant un virage). Ce type d’aménagement ne convient pas sur un tronçon comportant une succession de virages ou un relief accidenté.
Notons enfin que l’aménagement d’une CVC serait tout à fait inadapté en présence de nombreux carrefours.
Que faire si la voirie comporte un carrefour ?
Carrefour à priorité de droite
La règle générale est l’absence de marquage dans le carrefour.
Pour éviter toute équivoque sur les règles de priorité entre usagers, le marquage de la CVC doit être interrompu 10 m avant le carrefour et avant le passage pour piétons s’il existe. Il reprend 10 m au-delà du croisement.
Afin d’aider à la compréhension de l’aménagement, la CVC reprendra au-delà d’un carrefour structurant par le marquage d’un pictogramme vélo à l’entrée de la bande de droite, dans le sens de la circulation des voitures et, s’il y a des enjeux piétons, par un pictogramme piéton à l’entrée de la bande de gauche.
Carrefour équipé de signaux B9 ou B15
B9 | B15 |
CVC sur la voie prioritaire et qui se prolonge au-delà du carrefour
Le marquage de la CVC est arrêté à 10 mCette mesure est à adapter aux circonstances et au charroi. de part et d’autre du carrefour. Si une bande ocre est aménagée, celle-ci se prolonge dans le carrefour, comme pour les bandes cyclables suggérées.
La CVC reprendra au-delà d’un carrefour structurant par le marquage d’un pictogramme vélo à l’entrée de la bande de droite, dans le sens de la circulation des voitures et, s’il y a des enjeux piétons, par un pictogramme piéton à l’entrée de la bande de gauche.
CVC sur la voie débitrice de priorité
Afin de ne pas induire le cycliste en erreur en termes de priorité, le marquage de la CVC doit être interrompu.
Points d’attention
- Il y a une symétrie dans l'aménagement d'une CVC. Interrompre son marquage signifie, dès lors, l'interrompre des deux côtés (à gauche et à droite).
- Si un marquage axial de la chaussée existe, il doit être effacé pour permettre la réalisation d’une CVC.
Test pour observer le comportement des conducteurs
réalisé avant l'adoption de l'arrêté ministériel décrivant le marquage des bandes latérales
La création d’une CVC nécessite-t-elle l’adoption d’un règlement complémentaire ?
Aménager une chaussée à voie centrale est une mesure qui fait naître une série d’obligations reprises dans le Code de la route. Un règlement complémentaire de circulation routière est donc nécessaire pour la mise en œuvre.
Sources et infos
Mise à jour du chapitre 2.5 "En pratique...."
Mise à jour du chapitre 2.2
Adaptation des chapitres 2.3, 2.4 et 3
Chapitres 2.3 et 3 : l'aspect légal est officiellement publié. Adaptation de l'article 17.3 du Code du Gestionnaire, 6 DECEMBRE 2023. — Arrêté ministériel modifiant l’arrêté ministériel du 11 octobre 1976 fixant les dimensions minimales et les conditions particulières de placement de la signalisation routière, Publié au Moniteur belge le 9 février 2024.
Les informations publiées dans la Sécurothèque sont fournies à titre informatif. Sur le terrain, la réalisation des aménagements découle d'exigences spécifiques, examinées au cas par cas.