- Publication 11 décembre 2018
- Mise à jour 05 novembre 2024
Les rétrécissements
Qu’est-ce qu’un rétrécissement (une écluse) et quels sont les différents types de rétrécissements?
Un rétrécissement consiste en un resserrement d’une route à double sens (bidirectionnelle), transformée ponctuellement en une route ne comprenant plus qu’une seule voie.
Le fait de passer de deux voies à une seule voie de circulation va contraindre les véhicules à un passage alterné. Ce type d’aménagement est aussi appelé une écluse.
Il est conçu en utilisant au moins un îlotPar « îlot » on entend « îlot directionnel » au sens de l’article 2.43.du code de la route : « Aménagement situé sur la chaussée destiné à canaliser la circulation des véhicules et constitué soit par un marquage, soit par une surélévation de la chaussée, soit par la combinaison des deux. » Cet aménagement peut être accompagné de potelets.ou en installant des bacs à fleurs encadrés par de la signalisation horizontale et verticale.
L’objectif principal est de modérer les vitesses.
Il existe deux catégories de rétrécissement, qui sont :
- Le rétrécissement simple :
Latéral |
Axial |
Il impose une modification de trajectoire dans un seul sens.
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Il impose une modification de trajectoire dans les deux sens.
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Avec aménagement pour les cyclistes | |
Le maintien d’une trajectoire en ligne droite pour le cycliste offre une meilleure sécurité. |
- Le rétrécissement double :
Il impose une modification de trajectoire dans les deux sens.
Il a la particularité d’avoir un effet double :
- une modification de trajectoire vers la gauche,
- puis un déport vers la droite.
Cela incite les usagers à ralentir même sans la présence de voiture en sens inverse.
Piste cyclable marquée dans les deux sens de circulation
Bandes cyclables suggérées à hauteur du rétrécissement
Quels sont les avantages et inconvénients de ce dispositif ralentisseur ?
Avantages |
Inconvénients |
Coût modéré Mise en œuvre aisée Faibles nuisances sonores Moins agressif, pour les conducteurs, que les dispositifs surélevés Il libère de l’espace pour les modes doux (piétons, cycliste) Le passage des transports en commun et des poids lourds reste possible Bien intégré dans le paysage |
L’efficacité dépend du volume de trafic En période hivernale et pour les opérations de déneigement, la modification du tracé de la route peut constituer un inconvénient |
Comment créer un rétrécissement ?
Recommandations générales
– Penser à la VISIBILITÉ et à la lisibilité
– Réduire les dangers propres à cet équipement : traiter les îlots
– Prendre en compte tous les usagers
- La visibilité et la lisibilité de l’aménagement (de jour comme de nuit) doit être vérifiée.
Pour réaliser cette vérification, on assimile la distance de visibilité minimale à la distance d’arrêt d’un véhicule sur chaussée mouillée.
A partir d’un point d’observation en amont du rétrécissement, on s’assure que le conducteur détecte bien l’aménagement.
Implantation | Distance de visibilité minimale |
Entrée d’agglomération
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En approche d’agglomération : V = 90 km/h à 130 m |
Au cœur de l’agglomération |
V = 50 km/h à 45 m Cas particulier: V = 70 km/h à 85 m |
En zone 30 |
20 m |
En zone de rencontre |
15 m |
Source : Certu, Guide des chicanes et écluses sur voiries urbaines (2012)
- Puisque la circulation dans un rétrécissement est gérée en se fondant sur le principe de l’alternance (un seul sens de circulation à la fois), la visibilité réciproque des conducteurs est importante. Les conditions sont bonnes s’il n’y a, dans l’environnement général, pas de masque empêchant d’observer le mouvement des usagers venant en sens inverse.
- La probabilité qu’un îlot soit heurté peut être diminuée en réalisant des aménagements ou en installant de l’éclairage.
→ La pose de plots rétroréfléchissants ou de balises est une première solution à envisager. → Hors agglomération, le marquage vibrant peut être une alternative intéressante. |
- Du point de vue de la sécurité, l’enjeu spécifique du rétrécissement consiste à réduire les vitesses. La mise en œuvre implique, toutefois, l’utilisation d’îlots à traiter comme des obstacles.
Afin de veiller à ce que ces îlots ne causent pas de dommages physiques aux usagers, il faut éviter les éléments verticaux agressifsBalises ou potelets non conformes à la norme NBN EN 12767 sur les îlots.
Par ailleurs, les angles saillants des bordures sont à proscrire et on optera plutôt pour des bords arrondis ou chanfreinés.
- Enfin, il est nécessaire de prendre en compte tous les usagers.
→ Les piétons et PMR: Certains rétrécissements sont aménagés avec une avancée de trottoir.
→ Les cyclistes :
– Si une piste cyclable existe de part et d’autre de l’aménagement, la continuité de cette piste cyclable apportera la sécurité nécessaire au cycliste.
– En l’absence de piste cyclable, quand la largeur du rétrécissement est d’au moins 2.5 m, il est recommandé de prévoir un aménagement cyclable spécifique.
Cas particulier : En zone 30, lorsque le rétrécissement est simple avec une longueur inférieure à 50 m, les cyclistes empruntent le rétrécissement, au même titre que les autres usagers de la route.
→ Les deux-roues motorisés (2RM)
– L’implantation d’obstacles agressifs sur les îlots, de même que les bordures hautes sont à proscrire.
– En se souciant de la visibilité réciproque des usagers, on pense notamment aux motocyclistes, que les conducteurs ne voient pas toujours arriver.
→ Les véhicules lourds et les transports exceptionnels
– L’installation de bordures franchissables ou d’éléments amovibles est possible, ce qui permet, dès lors, le passage des véhicules à grand gabarit et des transports exceptionnels.
– Si le rétrécissement est implanté sur une ligne fréquentée régulièrement par les transports en commun, il est recommandé de dimensionner l’aménagement en tenant compte de ce paramètre:
Source : Certu, Guide des chicanes et écluses sur voiries urbaines (2012)
Caractéristiques géométriques
Il n’y a aucune prescription légale pour ce dispositif. Il n’est donc pas possible de dégager des dimensions et normes types.
Par contre, le rétrécissement de la chaussée doit être étudié en fonction de l’objectif poursuivi :
- L’espace doit être suffisant pour laisser passer un véhicule.
- Il doit être réduit au point d’empêcher le passage de deux véhicules à la fois.
Les rétrécissements simples
Les paramètres à considérer pour garantir l’efficacité de l’aménagement sont :
- Pas de pente empêchant de voir la trajectoire suivie par le véhicule venant en sens inverse
- Prévoir un déport géométrique laissant une largeur de voie d’entrée de minimum 3 m (3.5 m, si c’est possible)
Rétrécissement latéral |
Rétrécissement axial |
Le = Largeur de voie d’entrée = largeur d’une voie Dg = Déport géométrique = 2/3 d’une voie (min. 2 m) Dg ≥ 2/3 x Le |
Le = Largeur de voie d’entrée = largeur d’une voie Dg = Déport géométrique = ½ d’une voie (min. 1.5 m) Dg ≥ ½ x Le |
Les rétrécissements doubles
- Dg = Déport géométrique = au moins une largeur de voie
- Le = largeur de voie d’entrée (rétrécissement) ≥ 3.5 m si on prévoit le passage de véhicules longs
Si la largeur est insuffisante (c’est-à-dire < 3.5 m), alors qu’il s’agit d’une voirie empruntée fréquemmentSelon le CERTU: → Pour les bus, au minimum 10 par sens et par jour. → Pour les camions, le trafic poids lourds > 5% du trafic total journalier. par des véhicules longs (poids lourds et bus), il y a lieu de prévoir des bordures basses.
- D = inter-distance. 15 m ≤ D < 20 m entre les extrémités de l’îlotL’extrémité est le dernier point de chaque ilot, tangent à la trajectoire du véhicule..
D peut être diminué via la formule (17 – 2d) où d ≤ 1m
- d = distance d’écartement entre les 2 rétrécissements. d ≤ 1m, le plus proche possible de 0 pour garantir l’effet modérateur des vitesses de l’aménagement
- La largeur de la piste cyclable (ou de l’aménagement cyclable spécifique) est ≥ 1.3 m.
Implantation
Où implanter ?
- Là où la réduction importante de vitesse est destinée à améliorer la sécurité, spécialement celle des piétons et des cyclistes
- A l’entrée et à l’intérieur d’une agglomération
- Occasionnellement hors agglomération, là où la vitesse est limitée à 50 km/h
- En zone résidentielle, de rencontre et zone 30
Comment implanter?
Il peut être implanté seul ou être associé à une surélévation : coussin, plateau ou ralentisseur de trafic.
Toutefois, s’il est combiné avec un coussin, conformément à la circulaire du 3 mai 2002, ce ne peut être que 100 m à l’intérieur d’une agglomération ou d’une zone 50.
Exemple de rétrécissement associé à une surélévation
Comment signaler ?
Signalisation verticale
Il n’y a pas de réglementation concernant la signalisation des rétrécissements. Cependant, il est recommandé de les signaler de la façon suivante :
A distance | En position | Sur l’îlot | |
Rétrécissement simple latéral |
D1 Si piste cyclable ou aménagement cyclable : prévoir l’additionnel M2 M2 |
||
Rétrécissement simple axial |
D1 Si piste cyclable ou aménagement cyclable : prévoir l’additionnel M2M2 |
||
Rétrécissement double |
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D1 Si piste cyclable ou aménagement cyclable : prévoir l’additionnel M2M2 |
Lorsque le rétrécissement est accompagné d’une surélévation, il convient d’ajouter le signal adéquat suivant le type de surélévation.
Pour les coussins, il s’agit du signal A7a accompagné d’un additionnel portant la mention «Dispositif ralentisseur ».
Pour les plateaux ainsi que les ralentisseurs de trafic, il s’agit du signal A14 .
Signalisation horizontale
Il n’y a pas de réglementation concernant le marquage lorsqu’on implante un rétrécissement.
Recommandations générales
- S’il y a un îlot en saillie, il est conseillé que les bordures présentent un contraste de couleur avec la voirie, ce qui permet d’assurer une bonne visibilité, surtout de nuit.
Il est recommandé de décalerConcernant ce décalage, Il paraît difficile de donner une mesure précise : cela dépend de l’espace disponible. le marquage par rapport à l’îlot.
- Afin d’améliorer la lisibilité du tracé et de bien faire ressortir qu’il va y avoir un changement de trajectoire, il est conseillé d’utiliser des stries en amont de l’aménagement.
En plus du marquage, la zone striée peut être balisée par de l’équipement fragilisé.
Marquage en approche d'un rétrécissement double sur une chaussée à deux voies de circulation avec marquage axial
Si une chicane est implantée sur une chaussée qui comporte, en amont, un marquage axial, il faut d’abord retenir que ce marquage doit être interrompu : pas de ligne blanche à l’intérieur du rétrécissement !
Globalement, la signalisation horizontale recommandée comprend :
- Une marque d’approche (3 traits d’une longueur d’environ 1 m et espacés d’environ 1,50 m)
- Une ligne blanche continue
La longueur L couvrant la marque d’approche et la ligne blanche continue sera de minimum 20 m en agglomération et de 75 m hors agglomération (105 m lorsque la V85 est ≥ 60 km/h).
Pour interdire le stationnement entravant la visibilité à proximité de l’îlot directionnel, il est conseillé de tracer une ligne jaune discontinue.
Un schéma de principe a été élaboré en partant de quelques données courantes :
- Un itinéraire emprunté par des bus ou par d’autres véhicules longs
- Une largeur de voirie de 6 m
- Un rétrécissement de 2,40 m
Illustration pour une voirie de 6 m avec un rétrécissement de 2,40 m
Cas particuliers
Ecluse dans une zone 30, une zone de rencontre ou une zone résidentielle
Dans les zones 30 et dans les zones résidentielles / de rencontre il ne faut pas signaler ces aménagements. Si l’on constate un manque de visibilité ou de lisibilité de l’écluse, il est préférable d’associer l’aménagement à du mobilier urbain, ce qui favorise aussi son intégration dans le paysage.
Rétrécissement double avec passage pour piétons
Le cas se présente où les critères sont réunis pour implanter un passage piéton, à combiner avec la présence d’un rétrécissement double. L’avancée de trottoir est alors préconisée.
Le schéma de principe est le suivant :
Sources et infos
Ajout du chapitre 5
Ajout du chapitre 4.2.2
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Certu 2010-01 – Petits aménagements de sécurité – Traversée d’agglomération - Modération de la vitesse
Certu - Les surélévation de chaussées - outils de modération des vitesses
– Les prescriptions techniques (pour les travaux routiers effectués sur le réseau régional et pour les travaux routiers subsidiés effectués sur le réseau communal) se trouvent dans le document de référence : CCT – Chapitre L-2.
Les informations publiées dans la Sécurothèque (https://securotheque.wallonie.be) sont fournies à titre informatif. Sur le terrain, la réalisation des aménagements découle d’exigences spécifiques, examinées au cas par cas.