pratique Fiche n°276

Circulation apaisée – La zone de rencontre

 

 

 

 

Définition, règles de circulation et signalisation

Le concept de la zone de rencontre est étroitement lié à celui de la zone résidentielle.  Cependant, le mot « rencontre » souligne l’existence d’une cohabitation entre les différentes catégories d’usagers.  Il contient aussi des connotations de vie sociale et de convivialité.

« Les termes “zone résidentielle" et “zone de rencontre" désignent une ou plusieurs voies publiques aménagées dont les accès sont indiqués par les signaux F12a , et les sorties par les signaux F12b .

La “zone résidentielle" est celle dans laquelle la fonction d’habitat est prépondérante.

La “zone de rencontre" est une zone dont les caractéristiques sont similaires à celles de la zone résidentielle mais où les activités peuvent être étendues à l’artisanat, au commerce, au tourisme, à l’enseignement et aux activités récréatives. » Article 2.32 du code de la route.

 

Le code de la route décrit les règles de circulation dans les rues concernées.


« Dans les zones résidentielles et dans les zones de rencontre :

  les piétons peuvent utiliser toute la largeur de la voie publique ; les jeux y sont également autorisés ;

 les conducteurs ne peuvent mettre les piétons en danger ni les gêner ; au besoin, ils doivent s’arrêter. Ils doivent en outre redoubler de prudence en présence d’enfants. Les piétons ne peuvent entraver la circulation sans nécessité ;

 la vitesse est limitée à 20 km à l’heure ;

4° a) le stationnement est interdit sauf :

    • aux emplacements qui sont délimités par des marques routières ou un revêtement de couleur différente et sur lesquels est reproduite la lettre “P" ;
    • aux endroits où un signal routier l’autorise.

   b) les véhicules à l’arrêt ou en stationnement peuvent être rangés à droite ou à gauche par rapport au sens de la marche. »

Article 22bis du code de la route

 

Pour le surplus, ce qui s’applique aux cyclistes dans les zones de rencontre, ce sont les règles générales du code de la route.

Le code du gestionnaire, revuModifié par l’AM du 30/06/2020 entré en vigueur le 01/09/2020 (Région wallonne), insiste sur l’image qui doit inciter les conducteurs à adopter un comportement prudent et respectueux à l’égard des modes actifs.

« Signal F12a Commencement d’une zone de rencontre ou résidentielle.

Signal F12b  Fin d’une zone de rencontre ou résidentielle.

Ces signaux doivent être distincts des autres signaux à validité zonale. Ils peuvent toutefois être fixés sur le même poteau.

Ces signaux sont placés simultanément à tous les accès et sorties d’une zone de rencontre ou résidentielle.

L’accès à la zone de rencontre ou résidentielle doit être clairement reconnaissable par l’état des lieux, par un aménagement ou par les deux.

L’ensemble de la zone est aménagé de façon cohérente avec la limitation de vitesse et l’usage de l’ensemble de la voie publique par les piétons. »

Article 12.3bis du code du gestionnaire

 

Il règle la question de la priorité au niveau de la sortie.  Aux intersections, les usagers de la route venant d’une zone de rencontre doivent céder le passage, le cas échéant uniquement aux usagers venant de droite, s’il est fait usage du signal B17 .

 « Des signaux B1 , B5   ou B17  sont placés aux sorties des zones de rencontre ou résidentielles débouchant sur un carrefour. (…) Ces signaux ne sont pas annoncés par des signaux B3 ou B7 . »

Article 8.1.4° du code du gestionnaire

 

Du point de vue administratif, la création d’une zone de rencontre doit faire l’objet d’un règlement complémentaire. 

 

Différents types de zones de rencontre

 

La création d’une zone de rencontre est réussie lorsque :

1. la vie locale est prépondérante ;

2. l’environnement « parle de lui-même » et les piétons n’hésitent pas à circuler au milieu de la rue ;

3. la convivialité est perçue comme un atout du quartier.

 

Coeur de ville, lieu de concentration de services publics

Lieu touristique, d’intérêt historique ou culturel

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Sluis (Pays-Bas) – © Atingo

Rue étroite, lieu de conflit entre piétons et autres usagers

 
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Il s'agit ici d'un cas où le dimensionnement des trottoirs conformément aux prescriptions réglementaires ne permet pas
de garder une largeur de chaussée suffisante.
Attribuer à chacun un espace de circulation s’avère impossible.

 

 


Place, quartier où l’on maintient un trafic motorisé pour rejoindre quelques emplacements de stationnement, uniquement.

Rue commerçante comprise, par exemple, entre deux zones piétonnes F103  F103-det.png

 

Principes d’aménagement

Du point de vue du gestionnaire de voirie, il est important de faire prendre conscience :

  1. à l’ensemble des usagers que les piétons peuvent utiliser tout l’espace de la voie publique ;
  2. aux conducteurs qu’ils doivent réduire leur vitesse à 20 km/h, voire moins si nécessaire, et approcher les piétons – surtout les plus vulnérables – avec toute la prudence requise.

Il convient donc de créer un environnement où l’on minimise le risque d’accident impliquant des piétons ou cyclistes et où il semble cohérent de circuler de manière apaisée.

Pour bien rencontrer ces enjeux, il faut prévoir des aménagements :

  • privilégier une surélévation d’entrée et de sortie (plateau ou trottoir traversant), sinon un aménagement « marquant » des entrées et sorties (ex : réduction de la largeur de la chaussée dans le sens entrant, rappel du F12a au sol, différenciation du revêtement d’entrée, etc.) ;

Schématisation d’une zone de rencontre avec surélévation par trottoir traversant en entrée, coloration et marquage du signal F12a

 

  • dans la mesure du possible, supprimer les trottoirs.

Si on imagine une transformation progressive en zone de rencontre, l’objectif ultime est d’avoir un espace aménagé de plain-pied, sans division trop marquée entre les différents modes de déplacements.

Attention toutefois aux personnes malvoyantes qui, dans les zones de rencontre, ont besoin d’une ligne guide !

  • quand c’est possible, prévoir l’évacuation des eaux par un filet d’eau central afin de ne pas recréer des accotements (vers lesquels les piétons auraient tendance, par habitude, à se serrer) ;

  • répéter des aménagementsChicanes créées avec des plantations, du mobilier urbain etc. réducteurs de vitesse (chicanes, rétrécissements ponctuels, dispositifs surélevés, stationnement organisé en chicanes) à une fréquence correcte (maximum tous les 50 m) afin de faire respecter le 20 km/h ;
  • organiser le stationnement de manière appropriée, c’est-à-dire privilégier le marquage des emplacements par cases, plutôt que la création de zones de stationnement via la signalisation verticale.

Attention aussi à la réservation d’emplacements réservés aux personnes handicapées, judicieusement localisés : 1 emplacement minimum et 1 supplémentaire par tranche de 50 emplacements “ordinaires" !

 

Conformément au code de la route, les emplacements de stationnement sont délimités par un marquage
ou un revêtement différencié là où ils sont souhaités et l’on appose la lettre « P » dans un des angles. 

Ajoutons qu’en dehors de la zone de rencontre elle-même, selon le contexte, il pourrait s’avérer nécessaire de réaliser d’autres aménagements afin de gérer les flux de circulation.  Il est recommandé de limiter au maximum le trafic de transit au sein des zones de rencontre.

 

Prise en compte des personnes avec une déficience visuelle

Les façades forment une ligne guide naturelle qui fonctionne généralement bien dans les simples zones résidentielles.

En revanche, dans une zone de rencontre où la présence de commerces, de terrasses et de signalétiques diverses complique la circulation des personnes malvoyantes, l’implantation d’une ligne guide artificielle complémentaireDoublage de la ligne guide naturelle des façades. va s’avérer nécessaire.

Celle-ci devra être détectable au pied et à la canne, contrastée visuellement et franchissable par tous (personnes déficientes motrices et cyclistes).

Différentes solutions sont envisageables. En pratique, le choix de l’aménagement à réaliser découlera d’une analyse approfondie.

 

1. Une bonne pratique

    • Le design de la zone de rencontre est suffisamment explicite et les piétons occupent bien tout l’espace.
    • La largeur minimale du cheminement est de 1,50 m, libre de tout obstacle.
    • Les personnes porteuses d’une déficience visuelle peuvent s’orienter grâce à une ligne guide artificielle : le filet d’eau (avec ou sans grilles) ou un autre dispositif bien contrasté visuellement afin que son utilité soit pleinement effective pour les personnes malvoyantes.

© Atingo

 

2. Une option aujourd’hui remise en question

La « bordure guide » a longtemps été présentée comme le dispositif « utilisable apparemment le plus efficaceRecommandation qui apparaissait dans la circulaire ministérielle du 23/05/2011 sur les zones résidentielles et de rencontre, 3 figures fournies en annexe montrant le résultat attendu. ».

Conçue avec une saillie de 4 cm sur un chanfrein de 16 cm, dans la même teinte que le revêtement général de la zone, elle était placée à 1,50 m minimum des façades.

Toutefois, l’expérience a démontré qu’elle avait tendance à recréer des trottoirs.  Or, si l’usager a l’image d’un espace qui lui est dédié, l’objectif de l’espace partagé devient difficile à atteindre.

 

Autres usagers

Dans une zone de rencontre, il ne doit pas y avoir de marques routières, hormis pour les arrêts de bus.

  • Pas de passages pour piétons

Néanmoins, un guidage podotactile comme pour signaler une traversée piétonne est envisageable dans certains cas.

 

  • Ni pistes cyclables, ni traversées cyclables
  • Pas de marques longitudinales indiquant les bandes de circulation

Les seules marques qui pourraient, exceptionnellement, être apposées sont celles qui délimitent quelques emplacements de stationnement, dans le respect de l’article 22bis du code de la route.

 

Vélo et micro-mobilité

Il est recommandé de prévoir la circulation à double sens pour les cyclistes.

 

Transports en commun

La présence de services réguliers de transport en commun n’entre pas en contradiction avec les objectifs de création d’une zone de rencontre.

Cependant, le passage des transports en commun doit quand même être étudié pour ne pas nuire à l’utilisation de l’ensemble de la voie publique par les piétons : s’il y a trop de bus, la circulation semblera moins apaisée.

L’organisation de la concertation avec la société de transport en commun concernée doit être inscrite dans le processus.

Concernant l’aménagement : sur toute la longueur de l’arrêt de bus, la hauteur du quai se situe à 16 cm par rapport à la voirie. La surélévation doit être bien pensée, avec une localisation judicieuse, une bonne intégration des rampes d’accès, etc.

 

Sources et infos

Dates de mise à jour
10 mai 2021
Adaptation d’une phrase en chapitre 3, “en vigueur": “dans la mesure du possible, supprimer les trottoirs"
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Reférences/Sources
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Avertissements

Les informations publiées dans la Sécurothèque (https://securotheque.wallonie.be) sont fournies à titre informatif. Sur le terrain, la réalisation des aménagements découle d’exigences spécifiques, examinées au cas par cas.

Les prescriptions techniques (pour les travaux routiers effectués sur le réseau régional et pour les travaux routiers subsidiés effectués sur le réseau communal) se trouvent dans le document de référence : CCT – Chapitre L-2.